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Principle 16

Soins de longue durée

Partout en Europe, le personnel de santé travaille d’arrache-pied pour soigner et arrêter la propagation du virus Covid-19. Dans de nombreux cas, le travail est rendu plus difficile en raison de pénuries de personnel, d’infrastructures inadaptées et du manque d’équipements personnels de protection et de kits de test. Les responsables européens et les gouvernements nationaux devraient prendre des mesures immédiates pour garantir que les services de santé bénéficient du financement d’urgence nécessaire et augmenter les effectifs à court terme. Le Semestre européen aborde la question de la viabilité et de l’accessibilité des services de santé. Les mesures d’austérité ont drastiquement réduit le champ d’action des services publics et leur accessibilité. Au début du Semestre 2019, la CES avait déclaré que les systèmes de santé et de soins de longue durée étaient sources d’énormes inquiétudes et de souffrances pour une partie croissante de la population de l’UE et exigeaient donc une action immédiate. Les performances en matière de soins de santé sont médiocres dans plus de 15 États membres. La couverture et l’accès aux soins de longue durée sont insuffisants dans plusieurs d’entre eux. Les soins informels dominent le secteur au détriment des services et de la participation féminine au marché du travail. Alors que les infrastructures publiques font souvent défaut, les alternatives privées sont extrêmement coûteuses, inaccessibles et mènent fréquemment à une détérioration des services et des conditions de travail dans le secteur de la santé. Aucun investissement important n’était prévu dans le cycle précédent du Semestre. A moyen et à long terme, une augmentation des dépenses publiques et des investissements en matière de santé publique est indispensable, non seulement pour compenser des années de limitation des dépenses dans de nombreux pays mais aussi pour assurer que le personnel et les infrastructures de santé puissent affronter les défis futurs. Avant la pandémie du Covid-19, l’Europe présentait déjà un déficit d’environ un million de travailleurs de la santé. Les gouvernements doivent radicalement modifier leur approche des services publics de santé : les contrats de courte durée et les emplois précaires ne suffisent pas à faire face aux urgences que nous connaissons actuellement.

L’accès aux services de santé et aux soins de longue durée constitue une urgence pour l’UE. Le cycle du Semestre européen encourageait « rationalisation » et « rentabilité » impliquant un regroupement des structures, une réaffectation des ressources déjà allouées et la « dé-hospitalisation » des soins mais pratiquement jamais des investissements dans le personnel et les services nécessaires. Les dépenses de santé non remboursées sont en augmentation dans de nombreux États membres. Les règles du PSC ont élargi le champ d’action des acteurs privés proposant des services et des assurances santé. Cela limite l’accès aux services de santé qui est l’une des principales raisons de mécontentement de la population.

Le secteur des soins est essentiel pour garantir des conditions de vie décentes aux personnes âgées. Il est nécessaire d’accroître l’attractivité du secteur afin d’améliorer la qualité et les services proposés. Il y a, dans ce secteur, un taux élevé de migrants et de travailleurs non déclarés et sans papiers, principalement des femmes. Il est important de supprimer tous les facteurs de vulnérabilité pour les personnes travaillant dans ce secteur et de leur donner l’occasion d’améliorer leurs compétences et leurs conditions de vie dans leur intérêt propre mais aussi dans l’intérêt des utilisateurs.

L’UE devrait encourager une approche fondée sur les droits et les investissements publics dans des systèmes de protection sociale sensibles au genre au niveau international, européen et national. Elle devrait aussi poursuivre les objectifs de convergence à la hausse et l’allocation de financement pour l’aide à l’enfance, les soins de santé et les soins à long terme des ainés, des personnes handicapés et des personnes dépendantes pour garantir une couverture universelle et des services de qualité.

Pour répondre aux besoins actuels et futurs d’une population vieillissante, des dépenses plus importantes dans des services publics de santé et de soins de longue durée universellement accessibles, abordables et de bonne qualité doivent être consenties et considérées comme un investissement. Les soins préventifs doivent être renforcés à travers des politiques et un financement adéquats. Développement professionnel, formation, éducation et reconnaissance de la carrière sont essentiels pour améliorer la qualité et la couverture des soins et offrir des opportunités d’emploi de qualité. Les politiques relatives à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée devraient soutenir les travailleurs ayant des responsabilités en matière de soins. L’UE devrait introduire un système « Right2Care » (droit aux soins) européen soutenu par des plans d’action nationaux.

Actions visant à fixer un socle minimum de droits au niveau européen

  1. Garantie d’accès à des soins de santé de qualité et de longue durée (SLD) dans tous les États membres.

  2. Libre circulation : révision du règlement 883/2004 sur la coordination des systèmes de sécurité sociale pour renforcer la coordination de ces systèmes et les droits des travailleurs mobiles.

Actions visant à établir une convergence ascendante des conditions de vie et de travail

  1. Programme Right2Care (droit aux soins), européen soutenu par des plans d’action nationaux à travers le Semestre européen et basé sur des objectifs transparents et ambitieux.

  2. Capacité de contrôle, fonctionnement et impact du bien-être professionnel (dans les systèmes nationaux et le rôle de la négociation collective).

  3. Initiatives de l’UE pour renforcer la résilience de systèmes de soins de santé financés par des fonds publics, universels et accessibles.